Evolution de l'hydrographie à l'est du bassin du fleuve Congo
La carte ci-dessus, présente la situation actuelle. Deux fossés tectoniques (bordés par des traits interrompus noirs).Le fossé (graben) occidental est occupé ici par quatre lacs : d'une part, les lacs Kivu et Tanganyika qui, reliés entre eux par la rivière Ruzizi, finissent par arriver, via le fleuve Congo, dans l'océan Atlantique et d'autre part, les lacs Edouard et Albert qui, reliés par la rivière Semliki, alimentent le fleuve Nil. Cette situation n'a pas toujours existé. Elle résulte de toutes une série d’événements tectoniques (graben), géologiques (épanchements volcaniques massifs) et géomorphologiques (érosion).
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La tectonique des plaques nous apprend que la partie orientale du continent africain est en train de se détacher en se déplaçant vers l'est. Les cicatrices de ce phénomène sont bien visibles, ce sont les fossés d'effondrement. Ce phénomène a débuté il y a plusieurs millions d'années et un réseau hydrographique assez simple s'est installé, avec un écoulement des eaux vers le nord (vers la vallée du Nil).
La carte n° 1 schématise cette situation.
Ce système simple a assez rapidement été perturbé par des arrivées massives d'épanchements volcaniques, formant de véritables bouchons à l'évacuation des eaux vers le nord. Ces bouchons volcaniques sont représentés dans la carte n°2 (ici plus bas) par deux traits rouges. Les eaux situées au sud de ces deux bouchons ont formé les lacs Kivu et Tanganyika, bien isolés l'un de l'autre. Le niveau du lac Kivu monta alors jusqu'à 1650 m, soit près de 200 m plus haut que son niveau actuel (1463 m), les lacs Kivu et Edouard n'en formant à cette époque sans doute qu'un seul. C'est environ à cette époque (pendant la crue du pléistocène) que, au nord du lac Kivu actuel, a eu lieu, sous le niveau des eaux du lac, une petite séquence volcanique supplémentaire et que s'édifièrent des volcans sous-lacustres (actuellement émergés pour la plupart). On comprend donc pourquoi l'altitude de ces volcans ne dépasse jamais 1630m. La chaîne volcanique des Virunga elle, est plus récente, et même contemporaine.
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Formation des lacs Kivu et Tanganyika: carte n°2
Ce système simple a assez rapidement été perturbé par des arrivées massives d'épanchements volcaniques, formant de véritables bouchons à l'évacuation des eaux vers le nord. Ces bouchons volcaniques sont représentés dans la carte n°2 (ici plus bas) par deux traits rouges. Les eaux situées au sud de ces deux bouchons ont formé les lacs Kivu et Tanganyika, bien isolés l'un de l'autre. Le niveau du lac Kivu monta alors jusqu'à 1650 m, soit près de 200 m plus haut que son niveau actuel (1463 m), les lacs Kivu et Edouard n'en formant à cette époque sans doute qu'un seul. C'est environ à cette époque (pendant la crue du pléistocène) que, au nord du lac Kivu actuel, a eu lieu, sous le niveau des eaux du lac, une petite séquence volcanique supplémentaire et que s'édifièrent des volcans sous-lacustres (actuellement émergés pour la plupart). On comprend donc pourquoi l'altitude de ces volcans ne dépasse jamais 1630m. La chaîne volcanique des Virunga elle, est plus récente, et même contemporaine.
Élévation du niveau du lac Kivu, formation des volcans sous-lacustres et inversion de l'écoulement des eaux.
Le niveau du lac Kivu ayant atteint son altitude maximum de 1650 m, les eaux commencèrent à déborder vers le sud en direction du lac Tanganyika. Ce fut la naissance de la rivière Ruzizi. Celle-ci provoquera une baisse régulière du niveau du lac Kivu jusqu'à son niveau d'équilibre actuel de 1463 m. La Ruzizi, elle, s'enfoncera par érosion et donnera naissance à une vallée assez spectaculaire. Quant au lac Tanganyika, complètement enfermé, il voit son niveau monter encore en raison du débordement des eaux du lac Kivu. Il finira par écouler son trop-plein d'eau du côté de sa rive occidentale via la rivière Lukuga, la rivière Lualaba et le fleuve Congo qui se déverse dans l'océan atlantique.
La carte n°3 nous montre la situation actuelle.
Ref:
L'étude approfondie des couches de Panzi, des terrasses anciennes de la Ruzizi et du Tanganika, et de celles du lac Kivu et de la plaine du lac Edouard a établi que les eaux recouvrant cette région ont atteint au Pleistocène un niveau de 1650 m. Il est complètement démontré (BUTAKOFF, 1937) qu'avant le barrage récent du graben occidental par les volcans des Virunga, les eaux s'écoulaient au fond de celui-ci du Sud vers le Nord, c'est-à-dire du lac Tanganika vers le lac Édouard en passant par le lac Kivu. Le lac Kivu actuel avec ses côtes découpées et ses chapelets d'îles représente un bassin hydrographique noyé où les principales rivières affluentes ont encore conservé le sens sud-nord de leur écoulement primitif. L'approfondissement de la fosse du Tanganika serait tout récent (de même que la fosse du Lac Albert) et postérieur au barrage des Virunga et c'est lors de la crue du Kivu que les eaux montantes du lac auraient trouvé un exutoire vers le Sud, au niveau du seuil de Panzi (1650 m) avec création de l'actuelle Ruzizi et rattachement du lac Kivu au bassin du Lualaba-Congo.
Source : ‘MISSION GÉOLOGIQUE DE L'OFFICE DES CITÉS AFRICAINES (1952)’
Marcel-E. DENAEYER PROFESSEUR À L'UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES , MEMBRE DU COMITÉ DIRECTEUR DE LA COMMISSION DE GÉOLOGIE DU MINISTÈRE DES COLONIES
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